Barrages du Beaufortin

Publié le par savoisien

 

.

Les grands aménagements d'EDF
- en Beaufortain

La Girotte


Les multiples voûtes du barrage de la Girotte. Photo H. Barthélémy.

 

c'est d'abord, à une autre échelle, l'histoire du lac Crozet d'A. Bergès au-dessus de Domène. Celui de la Girotte, à 1 720m d'altitude, est percé, une première fois, à 17 m au-dessous de son niveau par le papetier Aubry en 1903. Entre 1923 et 1931, les aciéries d'Ugine le percent de nouveau à moins 75 m et accroissent sa capacité par une digue. Ce n'est pas suffisant : elles décident, pour alimenter en tout temps la chaîne des 7 centrales du Doron à l'aval, de construire un vrai barrage qui par la suite recevra un apport d'eau du glacier de Tré-la-tête, arrivant par galerie. Cependant les roches des deux rebords du verrou "suspendu" de l'émissaire du lac n'ayant pas la même solidité, un ouvrage très particulier est conçu : 18 voûtes de 35 m de haut, accolées, face convexe et tronconique côté lac afin que le poids de l'eau concoure à l'ancrage, forment un barrage de 510 m de long. Les travaux débutent vraiment durant l'occupation allemande et le chantier sert d'alibi pour mettre sur pied une compagnie de résistants, sous l'impulsion du commandant Bulle, appelée Compagnie du Lac. Terminé par E D F en 1949, ses 50 millions de m3 d'eau stockés, turbinés à la centrale de Belleville, 541 m plus bas, fournissent avec la centrale du lac lui-même turbinant les eaux de Tré-la-Tête 80 GWh et tout l'ensemble de centrales qui suivent près de 400 GWh. Non loin du Mont-Blanc, dans une zone d'alpage, le lac contribue à la sérénité du paysage.

 

 

 

 

 


 

 

 

      Roselend

 

 

 

 

 

 

 

La splendide voûte du barrage de Roselend. Photo H. Barthélémy

 

 

 

 

 

 

 

      On pouvait alors penser que les potentialités du Beaufortain étaient épuisées, mais une vaste cuvette naturelle, où cascadaient le modeste torrent de Roselend d'un côté et celui de Treicol à l'opposé, apparaissait facile à barrer. Encore fallait-il la remplir. Or, à distance relativement réduite, existent entre Sainte-Foy et Bourg-Saint- Maurice quantité d'affluents de l'Isère non utilisés pour Tignes. Il suffit d'inverser leur cours par une galerie pour " les ramener à leur antique déversoir" (Paul Veyret), et dans les années cinquante on commence à disposer d'un bon matériel pour forer.

 

 

 

 

     Il a fallu cependant couler un million de m3 de béton, un record, à 1 550 m d'altitude, pour barrer cette gorge afin de retenir 187 millions de m3 d'eau provenant de 30 captages répartis sur 272 km2, soit 7 fois le bassin naturel, nécessitant 42 km de galeries à une altitude moyenne de 1 700 m, et adjoindre deux ouvrages satellites, La Gittaz et Saint-Guérin, pour stocker encore 26 autres millions de mètres cubes.

 

 

 

 

     L'édification du barrage lui-même s'est heurtée au profil de la gorge, étroite, profonde, aux versants dissymétriques. On a tranché en accolant à une voûte superbe et légère deux barrages-poids latéraux d'inégale longueur. L'ensemble, parfaitement réussi techniquement et architecturalement, qui se déploie sur 804 m, avec une hauteur de 150 m à la voûte, reste très discret, et fait de Roselend  le plus esthétique des barrages de Savoie.

 

 

 

 

      D'autant qu'une harmonie sereine émane du grand lac, 320 ha, aux eaux d'un bleu profond ou clair suivant les lieux, parfois animées de vaguelettes scintillantes, enchâssées entre des alpages où paissent des troupeaux de tarines fauves et des bois sombres de sapins, alors que de hauts et puissants rochers se mirent entre les rives. Tout laisse croire que ce paysage, s'étageant entre 1600 et 2500 m, est là, immuable, depuis des siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

    La Gittaz


 

 

     

 

 

 

 

 

Publié dans ECONOMIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article